La Cybersécurité, dont certains métiers sont dominés par des compétences techniques, commence à reconnaître l'importance croissante des compétences dites "soft skills" ou compétences durables.
Ces compétences, souvent négligées, jouent un rôle crucial dans la réussite professionnelle et la sécurité des organisations.
Mon propre parcours reflète cette dualité entre compétences techniques et compétences durables. Ayant commencé ma carrière en tant qu'actrice et réceptionniste dans l'hôtellerie de luxe, j'ai acquis des compétences en communication orale et écrite, anticipation et sens du détail.
Cette expérience m'a préparée à aborder la Cybersécurité avec une perspective unique.
En parallèle, de ces expériences, j’avais pour passion de créer des sites internets sur le théâtre, ce qui m’a amené plus tard vers le développement d’applications.
Mais mes expériences professionnelles, ont été marquées par un besoin de combler les lacunes en sécurité dans le développement de logiciels.
C'est cette combinaison de compétences variées qui m'a permis de m'adapter rapidement et de réussir dans ce domaine technique.
Bien que la maîtrise des techniques de pentest soit essentielle, elle ne suffit pas à elle seule. Une étude de l'ISACA en 2023 révèle que 55 % des gestionnaires estiment que le déficit de compétences le plus important chez les professionnels de la Cybersécurité réside dans les soft skills, notamment la communication.
Cette compétence est cruciale pour coordonner les équipes, vulgariser les problèmes techniques et gérer efficacement les incidents de sécurité.
Une communication claire améliore la réponse organisationnelle aux menaces de sécurité, souvent masquées par un jargon technique inaccessible.
Les soft skills, que je préfère appeler compétences durables, restent pertinentes tout au long d’une carrière. La rapidité de l'évolution technologique rend certaines compétences techniques obsolètes en quelques années, mais les compétences durables permettent de s'adapter continuellement.
La collaboration, la pensée critique, l'adaptabilité et la résolution de problèmes sont quelques exemples de ces compétences essentielles.
À l’heure de l'intelligence artificielle (IA) il est essentiel de mobiliser nos compétences durables.
En effet, l'IA nécessite une utilisation éthique et sécurisée, intégrant des compétences comme la réflexion critique et la collaboration. Les entreprises qui se distingueront, seront celles qui utiliseront l'IA de manière créative et responsable, nécessitant une solide base de compétences humaines.
C’est d’ailleurs dans ce sens que va le AI RISK MANAGEMENT FRAMEWORK du NIST.
Plusieurs instances de référence locales ou internationales citées ci-dessus, marquent un changement de paradigme quant aux compétences essentielles pour les métiers de la Cybersécurité.
Ce changement, qui convoque les sciences humaines au sein des sciences techniques, est illustré par le CIO de Goldman Sachs, Marco Argentil.
Selon lui, étudier la philosophie en parallèle des études techniques peut renforcer des compétences telles que la logique, le raisonnement et la capacité à questionner. Ce croisement de disciplines encourage une réflexion plus profonde et une approche plus holistique des défis en Cybersécurité.
C’est dans ce mouvement et cette réflexion actuelle, que j’ai souhaité proposer un outil collaboratif sous forme de roue de compétences durables.
Cet outil a pour but d'identifier et d'évaluer les compétences durables dans notre pratique professionnelle.
Il est créé par et pour la communauté et évoluera avec la contribution de tous.
Les compétences durables sont vitales pour améliorer la communication, la collaboration et l'innovation dans le domaine de la Cybersécurité. La roue des compétences durables, que j'ai développée, est un outil évolutif pour visualiser et valoriser ces compétences.
En intégrant ces compétences dans nos pratiques professionnelles, nous pouvons répondre aux exigences d'un monde en mutation rapide et utiliser la technologie de manière responsable.
Ne faisons pas un combat contre ou pour l’intelligence artificielle mais organisons nous à utiliser l’intelligence collective pour construire un futur souhaitable.